« Nous sommes plus près d’une guerre que jamais au cours des dernières décennies » par Dmitri Trenin


Dmitri Trenin sur le bras de fer entre la Russie et l’Ukraine et une sortie de crise – Interview de Jörg Lau et Michael Thumann (Die Zeit)

DIE ZEIT : M. Trenin, vous avez servi comme officier dans l’armée soviétique et russe, presque personne ne pourrait mieux répondre à la question : sommes-nous confrontés à une guerre en Europe de l’Est ?

Dmitri Trenin : Je pense que la guerre est possible dans cette partie de l’Europe. Je ne pense pas que ce soit inévitable, mais nous sommes plus près de la guerre que nous ne l’avons été depuis des décennies.

ZEIT : Qu’a apporté le sommet de crise vidéo des présidents russe et américain ?

Trenin : La conversation de deux heures a provoqué une certaine détente du côté ouest. Joe Biden peut dire qu’il a dissuadé Vladimir Poutine d’une invasion qui n’était pas prévue actuellement.

ZEIT : Mais de plus en plus de troupes sont amenées à la frontière avec l’Ukraine, le gouvernement parle de plus de 110 000 soldats russes. À quel point la situation est-elle dangereuse ?

Trenin : Au Kremlin, j’entends la situation un peu différemment. Ils prétendent que l’Ukraine prépare une provocation majeure dans le Donbass…

ZEIT : … la région séparatiste qui est largement sous le contrôle des séparatistes pro-russes …

Trenin : … afin que le président ukrainien Volodymyr Zelenskyj reçoive plus de soutien populaire et que l’Ukraine reçoive plus d’aide de l’Occident. Une telle provocation forcerait la Russie à donner une réponse massive, après quoi il a été calculé qu’il y aurait plus de sanctions contre la Russie. L’Ukraine, quant à elle, deviendrait un rempart contre la Russie en tant que candidate à une adhésion à part entière à l’OTAN.

ZEIT : Mais est-ce que quelqu’un croit sérieusement que l’Ukraine pourrait rejoindre l’OTAN ?

Trenin : Ce ne serait pas seulement un problème pour la Russie d’adhérer à l’OTAN. Moscou craint que l’Ukraine ne se transforme en un porte-avions insubmersible qui recevrait plus d’armes des États-Unis et des Alliés, un terrain de jeu pour plus d’exercices, une escale pour les forces navales occidentales. Poutine a déclaré que l’Ukraine pourrait permettre aux États-Unis de déployer des missiles qui pourraient atteindre Moscou en quelques minutes. Cela rappelle l’évaluation faite par John F. Kennedy en 1962, lorsque l’Union soviétique a stationné des missiles nucléaires à Cuba. Du point de vue des dirigeants russes, cela pourrait être un moment cubain.

ZEIT : Le gouvernement est-il sérieux au sujet de la menace, ou est-ce simplement du bluff ?

Trenin : Je ne pense pas que ce soit du bluff. Le déploiement actuel est plus qu’un exercice. Je pense que c’est dissuasif. Mais la Russie se prépare à un éventuel recours à la force. Depuis 2014, Poutine a un mandat parlementaire pour utiliser la force militaire à travers l’Ukraine. Le gouvernement considère le stationnement des troupes et les manœuvres comme des outils dans sa boîte à outils.

ZEIT : De quoi dépend la décision de Poutine ?

Trenin : Le Kremlin évaluera probablement s’il est plus logique de s’attaquer à cela maintenant ou d’attendre quelques années de plus. Y aura-t-il un gouvernement ukrainien plus ouvert au dialogue avec la Russie ? Ou les choses vont-elles empirer, l’Ukraine obtiendra-t-elle plus d’armes des États-Unis et de ses alliés et sera-t-elle un adversaire plus coriace qu’elle ne l’est aujourd’hui ? L’Ukraine est déjà plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2014. Du point de vue du Kremlin, elle peut devenir une menace existentielle pour la Russie. Par conséquent, l’intervention pourrait être le seul moyen d’éviter que le pire ne se produise.

ZEIT : Mais comment l’Ukraine peut-elle être une « menace existentielle » pour la plus puissante Russie ?

Trenin : Poutine ne pense pas qu’à l’Ukraine. Le principal problème est l’infrastructure militaire occidentale près de la Russie. Il parle de missiles américains qui pourraient y être stationnés.

ZEIT : On ne sait rien de tels plans.

Trenin : Exactement, ce serait une mesure préventive de Poutine pour empêcher quelque chose qui pourrait se produire à l’avenir. Poutine pense que l’Occident ne comprend que le langage de la force. La dissuasion lui semble être le bon moyen d’amener l’Occident à la table des négociations. L’Ukraine est beaucoup plus importante pour la Russie que pour l’Amérique. En cas d’urgence, la Russie est prête à se battre pour cela, l’Amérique ne l’est pas. Et l’OTAN n’interférera certainement pas dans un conflit russo-ukrainien. Si la guerre éclate, l’armée ukrainienne sera rapidement vaincue. Il est probable que le chaos règne en Ukraine, peut-être que l’État s’effondrera. Et l’Occident imposera des sanctions à la Russie.

ZEIT : Poutine a déclaré l’été dernier que les Russes et les Ukrainiens formaient « un seul peuple », « un tout uni ». Quel rôle joue la perspective culturelle dans les considérations stratégiques ?

Trenin : Poutine a répété à plusieurs reprises que les Ukrainiens et les Russes sont « un seul peuple ». Il y a un groupe en Ukraine qui est actuellement dominant, mais ce groupe doit être remplacé pour que les bons Ukrainiens et les bons Russes puissent se réunir. Je le vois différemment. Ce serait un désastre pour la Russie d’annexer ou d’être responsable de l’Ukraine.

ZEIT : La Russie veut des garanties de sécurité occidentales et envoie ses militaires à la frontière pour cela. Mais c’est précisément pourquoi l’Occident ne peut pas dire que nous n’accepterons jamais l’Ukraine dans l’OTAN. Mais si l’Occident arme l’Ukraine en retour, cela justifie le cap de Poutine. Comment faire face à ce dilemme ?

Trenin : Je ne vois pas que l’OTAN puisse et donnera l’assurance souhaitée. Je ne peux pas imaginer que le Sénat américain prenne une décision juridiquement contraignante selon laquelle l’Ukraine ou la Géorgie ne pourront jamais rejoindre l’OTAN. Les exigences russes ne peuvent être satisfaites.

ZEIT : À quoi d’autre Poutine pourrait-il s’intéresser ?

Trenin : Poutine serait intéressé à mettre pleinement en œuvre l’accord de Minsk. Avec un statut spécial pour le Donbass dans la constitution, avec une amnistie pour les séparatistes, avec des élections avant que l’Ukraine ne prenne le contrôle de la frontière avec la Russie. Mais si les tensions persistent, Moscou peut reconnaître les républiques de Donetsk et de Lougansk et y stationner ses troupes. Alors, soit le silence reviendra dans le Donbass, soit la vraie guerre éclatera.

ZEIT : Et à quoi pourrait ressembler militairement un compromis ?

Trenin : Les exercices militaires seraient limités et les mouvements de troupes seraient clairement identifiés comme des manœuvres. La Russie ne ferait plus peur à l’Ukraine avec des manœuvres qui ne se distinguent pas des préparatifs d’attaque. Les États-Unis n’autoriseraient plus les bombardiers stratégiques à voler à 20 kilomètres ou moins de la frontière russe. Cela a irrité Poutine. Les Américains s’abstiendraient de stationner des missiles en Ukraine, ce qui, soit dit en passant, n’a aucun sens car les États-Unis ont déjà des missiles disponibles sur des navires et des sous-marins.

ZEIT:  La politique russe actuelle semble absurde : d’une part, ils veulent utiliser des gestes de puissance pour empêcher l’Ukraine de dériver complètement dans le camp occidental, mais la position agressive rapproche l’Ukraine de plus en plus de l’OTAN.

Trenin : Peut-être. Mais ça ne doit pas être comme ça. Malgré toutes les tensions, plus d’un tiers des Ukrainiens ne voient pas la Russie comme un ennemi. Peut-être que l’Ukraine devrait prendre la Finlande comme exemple. Malgré les deux guerres avec la Russie, la Finlande a trouvé un modus vivendi avec l’Union soviétique entre les blocs de la guerre froide. Et est devenu l’un des pays européens les plus prospères.

Les troupes russes occupent la Crimée ukrainienne, qui est annexée par Moscou peu de temps après après un référendum. Dans le sud-est de l’Ukraine, des séparatistes soutenus par la Russie prennent le contrôle de certaines parties du Donbass ukrainien.

ZEIT : Comment cela est-il censé fonctionner compte tenu des images ennemies dominantes ? Le gouvernement russe présente l’Ukraine comme un État fasciste, l’Ukraine considère la Russie comme l’agresseur.

Trenin : C’est vrai, mais l’aliénation pourrait aussi avoir un côté positif à long terme. Peut-être est-ce une guérison lorsque les Ukrainiens et les Russes cessent de se percevoir comme faisant partie du même peuple et apprennent plutôt à vivre ensemble comme des étrangers. Les guerres civiles sont souvent plus cruelles que les conflits entre États indépendants.

ZEIT : Mais en Russie, il faudrait renoncer à l’idée que « l’Ukraine est à nous », c’est-à-dire russe pour toujours ?

Trenin : Oui, c’est une idée archaïque, sans aucun fondement dans la réalité. Il vaudrait mieux que la Russie ne considère pas l’Ukraine géopolitiquement comme faisant partie du monde russe. Pour moi, rien n’empêche l’Ukraine de s’efforcer d’établir des relations plus étroites avec l’UE. Je le verrais sans regret si nous nous débarrassions définitivement de l’Ukraine. Laissons l’UE s’occuper d’eux ! La libération de la Russie de l’Ukraine est tout aussi importante que, inversement, la libération de l’Ukraine de la Russie.

ZEIT : L’UE pense que la Russie mène une guerre hybride contre l’Europe – avec des migrants en Biélorussie, des cyberattaques, des marches de troupes et des prix élevés du gaz. Voyez-vous une stratégie centrale derrière cela ?

Trenin : L’image d’une guerre hybride avec une stratégie russe globale ingénieuse, alors que l’UE se tient là comme une victime impuissante, est une déformation de la réalité. Le fait qu’une telle chose soit considérée comme plausible montre que la relation entre la Russie et l’Europe s’est rompue. Les Européens avaient espéré que la Russie deviendrait un partenaire. Frank-Walter Steinmeier a proposé un « partenariat de modernisation » en 2010 et signifiait non seulement des réformes économiques mais aussi des réformes politiques de grande envergure. Cette idée a finalement échoué en 2014 dans la crise ukrainienne. L’Europe n’est plus aujourd’hui un modèle pour la Russie, et ce n’est plus un mentor non plus. C’est une rupture historique. Depuis Pierre le Grand, la Russie regarde vers l’ouest. Aujourd’hui, les Russes ne luttent plus pour l’Europe et n’attendent plus aucune aide. Le problème : les deux parties n’ont plus d’idées pour leur relation. La Russie et l’UE – que sont-ils l’un pour l’autre ? Plus partenaire. Des adversaires aussi ?

Continuer la lecture: « Wir sind einem Krieg näher als je in den vergangenen Jahrzehnten »

Traduction: A. Isakovic

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Ils pensaient que j’étais surréaliste, mais je ne l’ai jamais été. Je n’ai jamais peint de rêves, je n’ai peint que ma propre réalité. Frida Kahlo


By Azra Isakovic

Monday, March 15

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Books

UK/Danubian Europe – Britain and Danubian Europe in the Era of World War II, 1933-1941, by Andras Becker | Palgrave Macmillan
Populism – Populism Michael Burleigh | Hurst Publishers
Diplomacy –Selling Weimar German Public Diplomacy and the United States, 1918–1933, Elisabeth Piller | GHI Washington

Must-Reads

Economy – Joe Biden’s stimulus is a high-stakes gamble for America and the world  | The Economist
Diplomatie – La diplomatie culturelle et la crise des 20 ans de l’Europe, par Benjamin G. Martin et Elisabeth Marie Piller | Contemporary European History
Philanthropie  – Dans la nébuleuse de la fondation Bill & Melinda Gates, Agnès Stienne | Visions carto
Russia/Libya – Russia on the Eve of a Collapse in Libya  Anton Mardasov & Kirill Semyonov | Riddle
Indo-Pacific – America’s Indo-Pacific Folly  Van Jackson | Foreign Affairs
Africa – What’s Going On in Senegal?  Christina Lu | Foreign Policy
Covid19 –How Many COVID Deaths Have Been Unnecessary?  Graham Allison | National Interest
Finance & Economics –Chartbook Newsletter #16 | Adam Tooze

Research & Analysis

US/Russia – The Future of U.S.-Russian Arms Control | CSIS  [PDF]
Macroeconomics –  Low interest rates in Europe and the US: one trend,  two stories, by Maria Demertzis and Nicola Viegi | Bruegel  [PDF]
US/China – Securing the Subsea Network, by Jonathan E. Hillman  | CSIS  [PDF]
Neoliberalism – Perfect Capitalism, Imperfect Humans: Race, Migration and the Limits of Ludwig von Mises’s Globalism, Quinn Slobodian | Contemporary European History | Cambridge Core [PDF]

Podcasts

Diplomacy – Selling Weimar German Public Diplomacy and the United States, 1918–1933, Dr. Elisabeth Piller | German Society of PA

Economy – Joe Biden’s stimulus is a high-stakes gamble for America and the world  | The Economist

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Democracy is being allowed to vote for the candidate you dislike least.

Robert Byrne


By Azra Isakovic

Jan. 18, 2021

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Books

#Livres 📚/#Recension – Open Democracy. Reinventing Popular Rule for the Twenty-First Century, Hélène Landemore,  Princeton University Press, | À la recherche d’une représentation démocratique par Éric Buge |  La Vie des idées
Books – Managing Transition: The First Post-Uprising Phase in Tunisia and Libya by Sabina Henneberg | Cambridge Core
Review of Books – The Limits of Caste Hazel V. Carby | London Review of Books
Review of Books  – Cynical Realism – Randall Kennedy on the biases of the Supreme Court | London Review of Books

Must-Reads

US – The Normalization of the Post-Sept. 11 Regime, by Stephen I. Vladeck | Tablet Magazine
Brexit – A look at Swiss politics shows that Euroskepticism is in the United Kingdom to stay, by Joseph de Weck | Foreign Policy
Europe/France/Germany – When Opposites Don’t Attract, by Joseph de Weck | Internationale Politik Quarterly
The Biden Transition – To Understand This Chaotic Transition, Rewind to the Last One | The New York Times
The Biden Transition – A Former Marine Stormed the Capitol as Part of a Far-Right Militia | The New Yorker
China/EU – Hungary Welcomes EU’s First Chinese University Campus | The Voice of America
Turkey – Erdogan’s great game: Turkey pushes into Africa with aid, trade and soaps |  Financial Times
Ideas – The Conservative Cult of Victimhood Trump was a perpetrator who thought himself a victim, and American society has indulged that same illusion among Trump supporters. David Frum | The Atlantic

Research & Analysis

#China🇨🇳/ The New Challenge of Communist Corporate Governance | CSIS  PDF 📥
EU/ROK – Consultations Resilience and Trust in Cyberspace | German Marshall Fund
Turkey🇹🇷 – Is Polarization Turkey’s Fate? By Emre Erdoğan @urbanhobbit | German Marshall Fund

Movies

Movies – The Movies That Mattered in 2020 by Anthony Lane | The New Yorker
Movies/Reviews – “Dear Comrades!” Is Andrei Konchalovsky’s Masterpiece, by Anthony Lane | The New Yorker

Votre briefing du jeudi

Politics is the art of looking for trouble, finding it everywhere, diagnosing it incorrectly and applying the wrong remedies. Ernest Benn


Azra Isakovic

Bonjour,

Votre briefing du jeudi 17 décembre 2020

Europe🇪🇺L’Europe dans le monde : pour une refondation, modeste et efficace, par Thierry de Montbrial | Ifri

US/Defense Battle Force 2045: What It Is, Why It Matters  Brent Sadler, Heritage
Germany/Covid19 – Germany Says Goodbye to Frugality  Andreas Bock, ECFR
Africa/Ethiopia – Ethiopia Sinks Deeper Into Ethnic Conflict  Fritz Schaap, Der Spiegel
The Biden Transition – How Trump Rescued the ‘Blob’  Blaise Malley, The American Conservative
Think TanksThink Tanks as Platforms for Authoritarian Influence  NED

Investment Banking Investment bankers revel in bumper fees from Chinese groups in 2020 | Financial Times

Technology – A.I. and I, Mark C. Taylor, New York Times 
Technology/Human Rights/EU – Getting the Future Right: Artificial Intelligence and Fundamental Rights, EU Agency for Fundamental Rights 
Technology/Human Rights/EU – Europe’s Approach to Artificial Intelligence: How AI Strategy is Evolving, Access Now
Nordics/Arctic – Surprise and Stability in the High North, Rachel Ellehuus, Johannes Gullestad Rø,  Robin Allers, Ingeborg Bjur, CSIS  
US/China/JapanJapan’s Potential Contributions in an East China Sea | RAND Corporation

NATO/Black Sea – Strengthening NATO in the Black Sea Region, Ben Hodges, Foundation for the Defense of Democracies  
US/Black Sea – The Black Sea: How America can avoid a great-power conflict, Philip Breedlove and Michael E. O’Hanlon, Brookings 
Arctic – Shifting Ground: Competing Policy Narratives and the Future of the Arctic, Oran R. Youngin Kristina Spohr and Daniel S. Hamilton, editors, Jason

 

Votre briefing du vendredi, par Azra Isakovic

In the post-Snowden world, you need to enable others to build their own cloud and have mobility of applications. That’s both because of the physicality of computing–where the speed of light still matters–and because of geopolitics.   Satya Nadella


Azra Isakovic

Good Morning

Here’s what you need to know – Voici ce que vous devez savoir

Livres – Guerres Invisibles ; Nos prochains défis géopolitiques de Thomas Gomart – À paraître 21 Janvier 2021 chez Tallandier | HallDuLivre

Europe The European Coup by Perry Anderson | London Review of Books

Nuclear risksNuclear risks are growing, and there’s only one real solution By Victor Gilinsky | Bulletin of the Atomic Scientists

Nuclear risks Revenge is a dish best served nuclear. US deterrence depends on it. |  Bulletin of the Atomic Scientists

EuropeEurope’s 2020 Pileup  David Herszenhorn & Hans Von Der Burchard & Jacopo Barigazzi, Pol. EU

La Transition BidenL’Amérique de Joe Biden : le calme après la tempête ? | IFRI

UK –What world is Brexit being launched into? Simon Kuper, Financial Times 

Romania/Hungary – Cooperation despite mistrust. The shadow of Trianon in Romanian-Hungarian relations, Kamil Calus, Centre for Eastern Studies (OSW)  

Eastern Mediterranean – Is there a new window of opportunity in the Eastern Mediterranean crisis? Galip Dalay, Brookings  

Europe/Gulf states/Iran – Gulf of difference: How Europe can get the Gulf monarchies to pursue peace with Iran, Cinzia Bianco, European Council on Foreign Relations 

Sweden/NATO – ‘NATO-option’ gets majority in Swedish parliament, Pekka Vanttinen, Euractiv   

US – President Joe Biden and the restoration of US global leadership: Turning the tide? Ville Sinkkonen, Charly Salonius-Palsternak, Bart Gaens, and Niklas Helwig, Finnish institute of International Affairs  

Saudi AramcoMissiles, bullying claims, a tragic death: what’s going on at Saudi Aramco? | Financial Times

Germany/ RussiaRüdiger von Fritsch became the German ambassador to Russia in 2014. A conversation about the art of diplomacy and drawings in Putin’s notepad by Jan Pfaff | taz

China/Europe – European organizers rejected China’s demands to exclude certain participants from an annual dialogue between CEOs, officials and academics | The Wall Street Journal

China/AustraliaThe Great China-Australia Divorce Has Arrived  Salvatore Babones, 1945

U.S./China – The U.S. Can’t Check China Alone  Odd Arne Westad, Foreign Affairs

The Biden TransitionBiden’s Curious Defense of Austin  Thomas Joscelyn, The Dispatch

China/TerrorismEvolution of China’s ‘Preventive Counterterrorism’  M. Clarke & S. Kam Li Yee, CGP

Arab SpringWhat’s the Legacy of the Arab Spring?  Kali Robinson, Council on Foreign Relations

US/AfghanistanHow We Could End This ‘Forever War’  James Stavridis, Time

Biden TransitionWhy the Premature Verdict on Lloyd Austin?  Bilal Saab, Middle East Institute

European Union/ The BalkansNorth Macedonia on the Threshold of Europe  Dimitar Bechev & Damir Marusic, AC

European Union/ Human Rights EU Has New Muscle to Flex on Human Rights  Jen Kirby, Vox

Biden TransitionWhy the Premature Verdict on Lloyd Austin?  Bilal Saab, Middle East Institute

Biden TransitionOn to the Next Presidency  George Friedman, Geopolitical Futures

C’est tout pour ce briefing. À la prochaine.
Azra

2e tour présidentielle 2017 : comprendre le vote des français par Ipsos France

2e tour présidentielle 2017 : comprendre le vote des français

  1. 1. 1 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 11 2ND tour présidentielle 2017 COMPRENDRE LE VOTE DES FRANÇAIS
  2. 2. 2 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 FICHE TECHNIQUE ÉCHANTILLON DATES DE TERRAIN Du 4 au 6 mai 2017. MÉTHODE 4 838 personnes inscrites sur les listes électorales, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Échantillon interrogé par Internet. Méthode des quotas : sexe, âge, profession de l’individu, région, catégorie d’agglomération. Comme pour toute enquête quantitative, cette étude présente des résultats soumis aux marges d’erreur inhérentes aux lois statistiques. Ce rapport a été élaboré dans le respect de la norme internationale ISO 20252 « Etudes de marché, études sociales et d’opinion ». La notice de cette enquête est consultable à la commission des sondages
  3. 3. 3 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 PRÉCISIONS SUR L’INTERVALLE DE CONFIANCE L’intervalle de confiance (appelé aussi marge d’erreur) est l’intervalle dans lequel se trouve la valeur recherchée avec une probabilité fixée (le niveau de confiance). L’amplitude de cet intervalle dépend du niveau de confiance, de la valeur observée et de la taille de l’échantillon. Le calcul n’est justifié que pour les sondages aléatoires. Il ne peut pas être déterminé dans le cas de sondages par quotas mais on considère qu’il est proche de celui des sondages aléatoires. Note de lecture : pour un échantillon de 4800 personnes, si le score mesuré est de 25%, il y a 95% de chances que la valeur réelle se situe aujourd’hui entre 23,8% et 26,2% (plus ou moins 1,2 point). INTERVALLE DE CONFIANCE (avec un niveau de confiance de 95%) Taille d’échantillon SCORES OBTENUS 2% ou 98% 5% ou 95% 10% ou 90% 15% ou 85% 20% ou 80% 25% ou 75% 30% ou 70% 35% ou 65% 40% ou 60% 45% ou 55% 50% 400 cas 1,4 2,1 2,9 3,5 3,9 4,2 4,5 4,7 4,8 4,9 4,9 500 cas 1,2 1,9 2,6 3,1 3,5 3,8 4,0 4,2 4,3 4,4 4,4 600 cas* 1,1 1,8 2,4 2,9 3,3 3,5 3,7 3,9 4,0 4,1 4,1 800 cas 1,0 1,5 2,1 2,5 2,8 3,0 3,2 3,3 3,4 3,4 3,5 1000 cas 0,9 1,4 1,9 2,2 2,5 2,7 2,8 3,0 3,0 3,1 3,1 1300 cas** 0,8 1,2 1,7 2,0 2,2 2,4 2,5 2,7 2,7 2,8 2,8 2900 cas*** 0,5 0,8 1,1 1,3 1,5 1,6 1,7 1,8 1,8 1,8 1,9 4800 cas**** 0,4 0,6 0,9 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4 1,4 1,4 1,4 * Base ceux votant blanc ou nul **Base abstentionnistes *** Base votants exprimés **** Base inscrits
  4. 4. 4 L’ABSTENTION
  5. 5. 5 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les principales raisons de l’abstention (1/2) Base : Aux abstentionnistes Je refuse de choisir entre deux candidats que je rejette totalement Je ne les rejette pas mais aucun des deux candidats ne correspond à mes idées Quel que soit mon vote, cela ne sert à rien, E. Macron battra M. Le Pen Vous ne pensez pas être disponible le jour du vote (contraintes familiales, vacances, etc.) Vous ne vous intéressez pas à la politique 31% 28% 16% 15% 10% Question : Quelle est, parmi les suivantes, la principale raison qui pourrait expliquer que vous n’alliez pas voter au 2nd tour de l’élection présidentielle dimanche prochain ?
  6. 6. 6 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les principales raisons de l’abstention – selon le vote de 1er tour (2/2) Base : Aux abstentionnistes Question : Quelle est, parmi les suivantes, la principale raison qui pourrait expliquer que vous n’alliez pas voter au 2nd tour de l’élection présidentielle dimanche prochain ? % ENSEMBLE Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L. Mélenchon Electeurs de B. Hamon N. Dupont- Aignan Je refuse de choisir entre deux candidats que je rejette totalement 31 41 50 37 21 Je ne les rejette pas mais aucun des deux candidats ne correspond à mes idées 28 33 32 39 36 Quel que soit mon vote, cela ne sert à rien, Emmanuel Macron battra Marine Le Pen 16 13 10 7 19 Vous ne pensez pas être disponible le jour du vote 15 11 7 13 8 Vous ne vous intéressez pas à la politique 10 2 1 4 16 SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR
  7. 7. 7 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 LE VOTE BLANC OU NUL
  8. 8. 8 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les principales raisons du vote blanc ou nul (1/2) Base : Aux ceux votant blanc ou nul Je refuse de choisir entre deux candidats que je rejette totalement Je ne les rejette pas mais aucun des deux candidats ne correspond à mes idées Quel que soit mon vote, cela ne sert à rien, Emmanuel Macron battra Marine Le Pen 51% 39% 10% Question : Quelle est, parmi les suivantes, la principale raison qui pourrait expliquer que vous votiez blanc ou nul au 2nd tour de l’élection présidentielle dimanche prochain ?
  9. 9. 9 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les principales raisons du vote blanc – selon le vote de 1er tour (2/2) Base : Aux ceux votant blanc ou nul Question : Quelle est, parmi les suivantes, la principale raison qui pourrait expliquer que vous votiez blanc ou nul au 2nd tour de l’élection présidentielle dimanche prochain ? % ENSEMBLE Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L. Mélenchon Electeurs de B. Hamon N. Dupont- Aignan Je refuse de choisir entre deux candidats que je rejette totalement 51 52 68 49 37 Je ne les rejette pas mais aucun des deux candidats ne correspond à mes idées 39 39 24 43 60 Quel que soit mon vote, cela ne sert à rien, Emmanuel Macron battra Marine Le Pen 10 9 8 8 3 SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR
  10. 10. 10 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 LES RAISONS DU VOTE POUR CHAQUE CANDIDAT
  11. 11. 11 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les raisons du vote en faveur d’Emmanuel Macron (1/2) Base : Aux électeurs d’Emmanuel Macron au 2nd tour Votre opposition à Marine Le Pen Le renouvellement politique qu’il représente Son programme Sa personnalité 43% 33% 16% 8% Question : Parmi les éléments suivants, quel est celui qui a le plus compté dans votre choix de voter pour Emmanuel Macron ?
  12. 12. 12 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les raisons du vote en faveur d’E. Macron – selon le vote de 1er tour (2/2) Question : Parmi les éléments suivants, quel est celui qui a le plus compté dans votre choix de voter pour Emmanuel Macron ? % ENSEMBLE Electeurs d’E. Macron Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L. Mélenchon Electeurs de B. Hamon N. Dupont- Aignan Votre opposition à Marine Le Pen 43 20 57 71 65 64 Le renouvellement politique qu’il représente 33 49 22 14 21 14 Son programme 16 21 14 9 11 17 Sa personnalité 8 10 7 6 3 5 Base : Aux électeurs d’Emmanuel Macron au 2nd tour SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR
  13. 13. 13 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les raisons du vote en faveur de Marine Le Pen (1/2) Base : Aux électeurs de Marine Le Pen au 2nd tour Question : Parmi les éléments suivants, quel est celui qui a le plus compté dans votre choix de voter pour Marine Le Pen ? Le renouvellement politique qu’elle représente Son programme Votre opposition à Emmanuel Macron Sa personnalité 41% 30% 22% 7%
  14. 14. 14 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE Les raisons du vote en faveur de M. Le Pen – selon le vote de 1er tour (2/2) Question : Parmi les éléments suivants, quel est celui qui a le plus compté dans votre choix de voter pour Marine Le Pen ? Base : Aux électeurs de Marine Le Pen au 2nd tour SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR % ENSEMBLE Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L. Mélenchon N. Dupont- Aignan Le renouvellement politique qu’elle représente 41 43 35 27 35 Son programme 30 35 9 30 26 Votre opposition à Emmanuel Macron 22 14 49 37 37 Sa personnalité 7 8 7 6 2
  15. 15. 15 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 LA PERCEPTION DE LA CAMPAGNE D’ENTRE-DEUX-TOURS
  16. 16. 16 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE L’opinion sur l’attitude d’Emmanuel Macron pendant la campagne d’entre-deux-tours Question : Depuis le soir du 1er tour, quand vous pensez à la campagne électorale de l’entre-deux- tours, diriez-vous qu’Emmanuel Macron : 56 5 16 13 27 11 4 47 20 23 15 27 40 48 64 64 58 62 Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L Mélenchon Electeurs de B. Hamon Electeurs de N. Dupont-Aignan SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR Surpris en bien Surpris en mal Ni l’un, ni l’autre Base : Inscrits 21% 21% 58% Vous a surpris plutôt en bienNi l’un, ni l’autre Vous a surpris plutôt en mal
  17. 17. 17 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE L’opinion sur l’attitude de Marine Le Pen pendant la campagne d’entre-deux-tours Question : Depuis le soir du 1er tour, quand vous pensez à la campagne électorale de l’entre-deux- tours, diriez-vous que Marine Le Pen : 5 54 10 8 6 14 62 8 38 36 48 23 33 38 52 56 46 63 Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L Mélenchon Electeurs de B. Hamon Electeurs de N. Dupont-Aignan SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR Surpris en bien Surpris en mal Ni l’un, ni l’autre Base : Inscrits 17% 35% 48% Vous a surpris plutôt en bienNi l’un, ni l’autre Vous a surpris plutôt en mal
  18. 18. 18 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 LE DÉBAT
  19. 19. 19 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE L’opinion sur l’attitude d’Emmanuel Macron durant le débat télévisé du 3 mai Question : Durant le débat télévisé du mercredi 3 mai qui a opposé les deux candidats, diriez-vous qu’Emmanuel Macron : 65 6 25 22 43 13 10 61 37 35 21 40 25 33 38 43 36 47 Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L Mélenchon Electeurs de B. Hamon Electeurs de N. Dupont-Aignan SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR Vous a plutôt rassuré Vous a plutôt inquiété Ni l’un, ni l’autre Base : A ceux qui ont vu ou ont entendu parler du débat 28% 33% 39% Vous a plutôt rassuré Ni l’un, ni l’autre Vous a plutôt inquiété
  20. 20. 20 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE L’opinion sur l’attitude de Marine Le Pen durant le débat télévisé du 3 mai Question : Durant le débat télévisé du mercredi 3 mai qui a opposé les deux candidats, diriez-vous que Marine Le Pen : 1 45 7 6 4 11 85 17 64 63 76 47 14 38 29 31 20 42 Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L Mélenchon Electeurs de B. Hamon Electeurs de N. Dupont-Aignan SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR Vous a plutôt rassuré Vous a plutôt inquiété Ni l’un, ni l’autre Base : A ceux qui ont vu ou ont entendu parler du débat 13% 56% 31% Vous a plutôt rassuré Ni l’un, ni l’autre Vous a plutôt inquiété
  21. 21. 21 LE FUTUR PREMIER MINISTRE
  22. 22. 22 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE L’opinion sur la nomination d’un Premier ministre issu de la gauche modérée Question : Si Emmanuel Macron est élu président de la République et s’il nommait un Premier ministre issu de la gauche modérée, diriez-vous que vous seriez : 37 4 45 3 5 29 51 8 19 65 14 66 57 24 12 45 44 31 41 31 38 47 37 47 Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L Mélenchon Electeurs de B. Hamon Electeurs de N. Dupont-Aignan SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR Plutôt satisfait Plutôt déçu Ni l’un, ni l’autre Base : Inscrits 20% 36% 44% Plutôt satisfaitNi l’un, ni l’autre Plutôt déçu SELON L’ÉLECTORAT 2ND TOUR
  23. 23. 23 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE L’opinion sur la nomination d’un Premier ministre issu de la droite modérée Question : Si Emmanuel Macron est élu président de la République et s’il nommait un Premier ministre issu de la droite modérée, diriez-vous que vous seriez : Base : Inscrits 24% 30% 46% Plutôt satisfaitNi l’un, ni l’autre Plutôt déçu 31 21 32 16 56 8 7 29 27 38 22 42 10 50 58 24 42 41 46 42 34 42 35 47 Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L Mélenchon Electeurs de B. Hamon Electeurs de N. Dupont-Aignan SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR Plutôt satisfait Plutôt déçu Ni l’un, ni l’autre SELON L’ÉLECTORAT 2ND TOUR
  24. 24. 24 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE L’opinion sur la nomination d’un Premier ministre issu de la société civile Question : Si Emmanuel Macron est élu président de la République et s’il décidait de nommer comme Premier ministre une personne qui n’a jamais exercé de mandat politique, diriez-vous : Base : Inscrits 43% 28% 29% Que ce serait plutôt une bonne idée, il faut renouveler le personnel politique Ni l’un, ni l’autre Que ce serait plutôt une mauvaise idée, il faut de l’expérience pour être Premier ministre 55 34 62 33 37 46 48 41 22 36 18 37 41 22 21 31 23 30 20 30 22 32 31 28 Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L Mélenchon Electeurs de B. Hamon Electeurs de N. Dupont-Aignan SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR Plutôt bonne idée Plutôt mauvaise idée Ni l’un, ni l’autre SELON L’ÉLECTORAT 2ND TOUR
  25. 25. 25 LA FUTURE ASSEMBLÉE NATIONALE
  26. 26. 26 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE La future Assemblée nationale (1/2) Question : Les prochaines élections législatives auront lieu au mois de juin. S’il est élu président de la République, souhaitez-vous qu’Emmanuel Macron dispose d’une majorité absolue de députés à l’occasion de ces élections législatives ? 70 12 88 12 30 29 51 21 30 88 12 88 70 71 49 79 Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs d’E.Macron Electeurs de M. Le Pen Electeurs de F. Fillon Electeurs de J-L Mélenchon Electeurs de B. Hamon Electeurs de N. Dupont-Aignan SELON L’ÉLECTORAT 1ER TOUR ST Oui ST Non Base : Inscrits SELON L’ÉLECTORAT 2ND TOUR 15% 24% 31% 30% Oui, tout à fait Oui, plutôt Non, plutôt pas Non, pas du tout ST Oui 39% ST Non 61%
  27. 27. 27 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE La future Assemblée nationale (2/2) Question : Les prochaines élections législatives auront lieu au mois de juin. S’il est élu président de la République, souhaitez-vous qu’Emmanuel Macron dispose d’une majorité absolue de députés à l’occasion de ces élections législatives ? 34 28 42 67 93 71 50 30 14 30 66 72 58 33 7 29 50 70 86 70 EXG PC FdG EELV PS En Marche ! Modem UDI LR FN Aucun parti SELON LA PROXIMITÉ PARTISANE ST Oui ST Non Base : Inscrits 15% 24% 31% 30% Oui, tout à fait Oui, plutôt Non, plutôt pas Non, pas du tout ST Oui 39% ST Non 61%
  28. 28. 28 ©Ipsos. PRÉSIDENTIELLE 2017 2828

Source: https://www.slideshare.net/IpsosFrance/2e-tour-prsidentielle-2017-comprendre-le-vote-des-franais

 

La bataille pour l’histoire: pourquoi l’Europe devrait résister à la tentation de réécrire son propre passé communiste par Martin D. Brown

Quelques mois plutôt les gouvernements tchèque et slovaque ont critiqué la diffusion d’un documentaire russe sur l’invasion soviétique de la Tchécoslovaquie en 1968, avec le ministère slovaque des affaires étrangères décrivant une tentative ‘de réécrire l’histoire’. Martin D. Brown écrit que, bien que le documentaire était sans doute imparfait, l’incident diplomatique était symptomatique d’une situation dans laquelle la Russie a adopté une vue plus en plus résolument soviétique de l’histoire, tandis que les États post-soviétiques ont soutenu la construction d’une histoire consciemment antisoviétique construite autour du concept de totalitarisme. Il argument que les États de l’UE ont peu à gagner dans la réécriture de leur propre passé tout simplement pour contrer le récit russe.

David Cameron a parlé la semaine dernière au 10e Forum sur la sécurité  GLOBSEC, tenue à Bratislava, en Slovaquie. Il a abordé les principales préoccupations de sécurité auxquels fait face l’Europe: le conflit en Ukraine, la montée de DAESH et le flux de migrants qui traversent la Méditerranée. Son discours visait clairement à rassurer les membres orientaux et méridionaux de l’Union européenne par le soutien britannique continue. Il a également souligné la nécessité de trouver des politiques crédibles pour lutter contre l’appel menaçant d’idéologie extrémiste de DAESH et la radicalisation des populations musulmanes en Europe occidentale.globsec001
Daesh n’est pas le premier mouvement essayant d’utiliser les médias sociaux (et d’autres) et de l’histoire révisionniste pour étayer sa stratégie géopolitique. Les hôtes de Cameron, les Slovaques, et leurs voisins d’Europe centrale et orientale, ont eu beaucoup d’expérience avec les idéologies extrémistes, de sorte qu’on pourrait  présumer, qu’ils ont développé des solutions viables pour lutter contre cette menace.

Plus récemment, la République tchèque et son voisin la Slovaquie ont été impliqué dans une querelle diplomatique avec Moscou sur un documentaire télévisé de Russie à propos de l’écrasement du Printemps de Prague en 1968 – un moment charnière dans l’histoire de l’une des idéologies prééminent extrémistes de l’histoire européenne: le communisme. Il n’y a rien d’étonnant à cela: le XXe siècle est un sujet âprement disputée. Le passé a été régulièrement une arme dans les guerres de propagande sur la ‘vérité historique’. Même la Guerre Froide a été constamment, et à tort, enrôlée de force au service des références en conflit actuel en Ukraine.
La Russie semble revenue à une vue résolument soviétique de l’histoire, alors que les États post-soviétiques ont soutenu la construction d’une histoire consciemment antisoviétique, construit autour du concept de totalitarisme. Les deux récits sont incompatibles et il est peu probable qu’ils encouragent le dialogue utile ou nous disent plus sur la capacité de l’histoire de proférer des recommandations politiques.

La bataille pour l’histoire

Cet incident particulier a été déclenchée par une nouvelle série sur la Rossiya-1 russe: Pacte de Varsovie – Pages Déclassifiées. Le programme a défendu l’invasion du Pacte de la Tchécoslovaquie en 1968 (impliquant les forces bulgares, allemandes de l’Est, hongrois, polonais et soviétiques), affirmant que c’était une intervention préventive pour éviter un putsch nazi dirigé par l’OTAN. Outrés, tant Bratislava et Prague ont déposé des plaintes formelles à la Russie pour avoir permise la diffusion de telles distorsions.

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Les allégations de Rossiya sont absurdes: un ressassé brutal de vieilles justifications soviétiques. Nous savons maintenant par de témoignages oraux que les troupes du Pacte de Varsovie, franchissant les frontières tchécoslovaques et surprises de la réception hostile, ont été nourries par des histoires similaires. Les comptes plus nuancées peuvent être trouvés dans de divers articles, des livres et des collections de documents qui démontrent de façon concluante la fausseté des allégations de Rossiya.
Donc, à la lumière de tout cela, ce fut un autre exemple des tentatives de Vladimir Poutine dans la  manipulation  de passé russe / soviétique à des fins politiques dans la guerre de l’information actuelle avec ‘l’Occident’. Peut-être qu’il est aussi symptomatique des inquiétudes de la Russie concernant des ‘révolutions de couleurs’ et de changements de régimes parrainé par l’Ouest. Mais ce n’est que la moitié de l’histoire.

Les vingt-cinq dernières années durant, Europe postsoviétique a aussi activement reconquit  et réécrit son histoire. Pendant l’ère communiste le passé était en surveillance stricte et fortement censuré. Le débat public sur les violations des droits de l’homme, sur la répression politique, sur les assassinats des dizaines de millions ont été supprimées. Des exemples bien connus comprennent l’obscurcissement officiel sur la famine ukrainienne, sur le pacte Molotov-Ribbentrop et sur le massacre de Katyn.
Bien que le passé a été confisqué par les régimes communistes, cela ne signifie pas que la version de l’ouest était totalement objective ou précise. Toutes les recherches dans la guerre froide ont été politisées, des deux côtés du rideau de fer. Les estimations établies antérieurement sur le nombre de morts sous Staline sont actuellement en cours de révision et réduits.
Depuis 1989, les États post-soviétiques ont ouvert leurs archives et ont adopté une législation pour créer des instituts de documentation et de diffusion de ces événements: l’Institut Estonien de la Mémoire Historique; la Maison de la Terreur en Hongrie; l’Institut de la Mémoire nationale en Pologne;  l’Institut de la Mémoire Nationale en Slovaquie, regroupés sous l’égide de la Plateforme de la Mémoire et de la Conscience Européenne.
Dirigée par la République Tchèque, une campagne a été lancée en 2008 pour formaliser ces perspectives dans l’UE elle-même. Une Journée européenne du souvenir a été établie par la suite, est célébrée chaque année le 23 Août.
Collectivement, et inspiré par la lecture de l’œuvre de Hannah Arendt (ou peut-être une lecture erronée), ces organes et les lois promeuvent une conception du totalitarisme parrainé par l’État, dans lequel les histoires et les crimes du fascisme et du communisme sont expressément assimilés. Les exposants les plus virulents de ce concept dans l’ouest sont Anne Applebaum et Timothy Snyder.
Controversée, ce discours a également été exposé à des efforts tentés de l’Holocaustisation; cooptant la terminologie de l’extermination des Juifs d’Europe. En 2014, le film estonien Dans le vent de travers, traitant les déportations de masse de 1941, utilise expressément le terme ‘Holocauste soviétique’. Encore une fois, le but étant d’assimiler les crimes communistes présentés comme moins connus avec celles des nazis.

cameron002Entièrement à juste titre, ces pays post-soviétiques se réapproprient leur passé perdu depuis longtemps. Cependant, leurs politiciens ont construit et fondé des organismes pour produire une version totalitaire de l’histoire ‘approuvée’ et diamétralement opposée à l’ancien récit communiste. Indépendamment de ce que l’on pourrait penser de l’utilité d’une telle approche, le caractère officiel du programme devrait donner une pause dans la réflexion. L’histoire est sur le discours et tout processus qui limite ou empêche le débat devrait être une source de préoccupation.

Traitée avec soin, et protégé de toute ingérence politique ou d’un sentiment national, une telle approche devrait donner des résultats utiles. Mais comme le Dr Muriel Blaive, Conseiller du Directeur de la recherche et de la méthodologie à l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires de Prague, a averti dans une récente interview, cela n’a pas toujours été le cas. Il y a eu de grandes divergences dans la façon dont ces archives de l’époque communiste ont été protégées et utilisés, ainsi que dans les résultats produits.

Je dirais que le problème central n’est pas ce que l’approche totalitaire prétend avoir révélé, mais plutôt de ce qu’il n’a pas réussi à expliquer. Oui, les crimes du communisme ont été documentés et à juste titre, exposée, mais c’est quoi qui a été révélé au sujet de la comparaison avec le fascisme exactement, en particulier dans les États qui se sont livré activement aux deux à la fois? Il est difficile de voir comment l’amalgame des régimes disparates est une aide à l’analyse, d’autant plus que le concept de totalitarisme reste au mieux flou et mal définie.

global-cold-war002En outre, l’approche totalitaire est ouvertement euro-centrique et géographiquement myope. Il ne donne aucun aperçu dans la Guerre Froide mondiale, et il ignore le fait que, en dehors de l’Europe, Moscou a souvent été considéré comme le champion de la lutte anti-impérialiste.

Plus problématiquement encore, le projet n’a pas réussi à expliquer pourquoi des dizaines, sinon des centaines, de millions de personnes ont rejoint volontairement les partis fascistes et communistes en premier lieu ou ont collaboré avec ces régimes plus tard. Ont-ils été trompés, contraints, ou, plus inquiétant encore, ont-ils embrassé activement les idéologies sur l’offre? Nous n’avons pas de réponse.

Pour parler sans ambages, l’opposé aux mensonges communistes n’est pas la ‘vérité’. La Russie n’a pas non plus le monopole de la falsification du passé. La question ici, à l’instar de discours de Cameron à Bratislava, est de savoir comment les sociétés comprennent et luttent contre l’extrémisme idéologique, que ce soit le fascisme, le communisme, ou la hausse actuelle de fondamentalisme islamique violent.

Plus de vingt-cinq ans après la chute du mur de Berlin, quel espoir pour l’UE de faire face à l’attirance de DAESH, si elle est encore à développer une compréhension sophistiquée et holistique de sa propre histoire de l’idéologie extrémiste?

Martin D. Brown

Traduction : Azra Isakovic

Source : LSE

Les relations franco-britanniques par Vivien Pertusot

Si le Premier ministre britannique David Cameron et le président français François Hollande affichent régulièrement leurs désaccords sur l’Union européenne et les questions économiques, l’alliance stratégique des deux puissances rivales n’a jamais été remise en cause depuis l’Entente cordiale d’avril 1904.

Holland-Cameron

Le 25 octobre 2013, lors d’un conseil européen, François Hollande s’entretient avec David Cameron. L’Union européenne est au cœur des principaux sujets de désaccord franco-britanniques et notamment la volonté du Premier ministre britannique de réformer l’Union européenne, ce qui pour le président français « n’est pas la priorité », car « on ne peut pas faire peser sur l’Europe le choix britannique ». (© Conseil européen)

Les relations entre la France et le Royaume-Uni se caractérisent par « une complémentarité difficile », selon l’expression de Geoffroy de Courcel, ambassadeur de France en poste à Londres dans les années soixante (1).

Cet apparent oxymore traduit une situation où les deux pays ont nourri une relation marquée par l’évidence de travailler ensemble, tout autant que celle de se percevoir comme des rivaux. Cela s’illustre à trois niveaux : au niveau des affaires stratégiques, au sein de l’Union européenne, ainsi que dans leur relation commerciale. Les raisons de cette « complémentarité difficile » trouvent leurs racines non seulement dans une histoire parsemée de guerres et de rivalités ouvertes, mais aussi dans deux conceptions différentes de l’échiquier international. L’Europe a notamment toujours été la pomme de discorde des relations franco-britanniques.

Le domaine stratégique : rapprochement de raison

La convergence d’intérêts sur les domaines stratégiques est aussi étonnante qu’elle est compréhensible. Surtout, elle est pragmatique. Avant le XXe siècle, ni la France ni le Royaume-Uni n’avaient particulièrement de raison d’envisager un rapprochement. Les deux pays possédaient des empires d’envergure, des capacités militaires robustes et ne percevaient pas de menaces imminentes sur le continent européen. L’avènement de la Triple Alliance en 1882 et la montée en puissance de l’Allemagne ont été d’importants vecteurs pour motiver une nouvelle donne entre Paris et Londres. Toutefois, l’Entente cordiale approuvée en 1904 n’était à l’époque pas comprise comme le fondement d’une alliance structurelle entre deux rivaux.

Cet accord aura en réalité jeté les fondations d’une coopération bilatérale stratégique jamais réellement remise en question. Malgré les suspicions et autres méfiances inhérentes à la relation franco-britannique, plusieurs facteurs ont confirmé l’utilité de maintenir une relation étroite. Tout d’abord, la France et le Royaume-Uni vont devenir les deux seuls pays européens à conserver une ambition internationale unissant les volets diplomatiques, commerciaux, culturels et militaires. Une des principales pierres angulaires de cette vision globale est leur siège permanent respectif au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Ensuite, les deux pays conservent des outils de défense assez similaires, qu’ils sont prêts à utiliser. La possession d’armes nucléaires indépendantes en est un exemple, mais aussi des formats d’armées et des postures de défense proches. Les deux pays ont certes connu de fortes réductions d’effectifs et de capacités depuis la fin de la guerre froide et des coupes budgétaires conséquentes depuis 2008. Toutefois, Français et Britanniques veulent encore maintenir une capacité d’action totale, même si la réalité est plus contrastée. Enfin, les deux pays s’accordent sur le principe que l’Europe doit être plus active en politique étrangère et de défense. Ils divergent néanmoins sur l’enceinte de prédilection afin d’y parvenir. Traditionnellement, le Royaume-Uni, fervent promoteur du lien transatlantique, estime que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) doit être l’institution privilégiée pour la défense européenne. À l’inverse, la France préfère que les Européens développent une capacité autonome de celle de l’OTAN au sein de l’Union européenne. Si cette divergence perdure, elle est aujourd’hui estompée par des considérations beaucoup plus pragmatiques : peu importe la méthode, les Européens doivent être plus responsables en matière de sécurité et de défense.

La coopération stratégique franco-britannique demeure pragmatique et donc sujette aux soubresauts politiques. (…) François Hollande n’en a pour le moment pas fait un axe prioritaire.

La signature des traités de Lancaster House en novembre 2010 a marqué le point culminant de cette proximité stratégique. Cette coopération de défense répondait à des considérations de court et de moyen termes. Paris et Londres saisissaient bien la portée des coupes budgétaires et la nécessité de trouver des partenaires viables et de même calibre afin de conserver une force de frappe conséquente.

C’était particulièrement marqué pour la soutenabilité des capacités nucléaires, ainsi qu’au niveau industriel – la France et le Royaume-Uni maintiennent des bases industrielles et technologiques de défense (BITD) d’ampleur comparable. Sans parler d’intégration des BITD, il devenait clair des deux côtés de la Manche que leurs seules BITD nationales n’allaient plus suffire pour peser face aux États-Unis et aux industries émergentes. Il s’agissait également pour les deux puissances européennes de continuer à peser à l’échelle internationale et de pouvoir combiner leurs forces pour se déployer sur des théâtres parfois lointains.

Caricature datant de 1906, deux ans après l’« Entente cordiale » – une série d’accords bilatéraux signés entre le Royaume-Uni et la France, qui servit notamment à résoudre plusieurs différends coloniaux et à constituer le socle de la Triple-Entente formée avec l’Empire russe. On peut reconnaître sur ce dessin John Bull (personnage symbolisant l’Angleterre) et la Marianne française qui tournent le dos au Kaiser allemand, portant une épée sous son manteau. (© Bernard Partridge)

Caricature datant de 1906, deux ans après l’« Entente cordiale » – une série d’accords bilatéraux signés entre le Royaume-Uni et la France, qui servit notamment à résoudre plusieurs différends coloniaux et à constituer le socle de la Triple-Entente formée avec l’Empire russe. On peut reconnaître sur ce dessin John Bull (personnage symbolisant l’Angleterre) et la Marianne française qui tournent le dos au Kaiser allemand, portant une épée sous son manteau. (© Bernard Partridge)

La coopération franco-britannique en matière de sécurité et de défense est désormais acquise, mais pas sa portée. Sauf retournement majeur dans la politique étrangère et de sécurité de l’un des deux partenaires, l’intérêt de coopérer et de s’entendre demeurera. Ce qui est plus incertain en revanche est le périmètre de coopération que les deux chancelleries sont prêtes à maintenir sur le long terme. En effet, la coopération stratégique franco-britannique demeure pragmatique et donc sujette aux soubresauts politiques. En France, Nicolas Sarkozy était convaincu de sa pertinence et avait ainsi convoqué les ressources nécessaires à la signature des traités. À l’inverse, François Hollande n’en a pour le moment pas fait un axe prioritaire. De même, le référendum sur l’indépendance de l’Écosse soulevait des questions au sein de la Défense française : la perte de l’Écosse n’affaiblirait-elle pas le Royaume-Uni, déséquilibrant ainsi le partenariat franco-britannique ? Ce type de questions se pose à chaque tournant politique dans l’un ou l’autre pays. Aussi la France va-t-elle scruter les débats et la publication de la revue stratégique de défense et de sécurité (SDSR) prévue en 2015, car il s’agira de constater à quel point la Défense britannique va pouvoir limiter les coupes budgétaires et capacitaires, qui pourraient grever encore davantage un appareil de défense déjà sous pression. Si le domaine stratégique est devenu un axe de coopération central entre la France et le Royaume-Uni, la question européenne a, elle, nourri de nombreux désaccords entre les deux partenaires.D’où deux traités ambitieux signés entre Paris et Londres couvrant les domaines opérationnel, capacitaire, nucléaire et industriel. La coopération opérationnelle prendra la forme d’une Force expéditionnaire commune interarmées (CJEF), qui devrait être prête d’ici 2016. Bien que les deux appareils militaires aient l’habitude de travailler et de se déployer ensemble, établir une force commune présente de nombreux défis qui ralentissent son établissement. La coopération capacitaire se révèle également difficile. Le sommet franco-britannique, fin janvier 2014, a redonné un coup de projecteur à une coopération capacitaire et industrielle qui restait timorée, avec par exemple la confirmation du développement et de la production de missiles antinavires légers. Mais d’autres projets ont été abandonnés face aux choix unilatéraux des gouvernements français ou britannique. La coopération nucléaire est la plus discrète, mais semble être celle qui connaît le moins de remous…

Vivien PERTUSOT

L’article complet est paru dans « Les Grands Dossiers » de Diplomatie, n° 25, février 2015.